« La chambre des appels correctionnels de la cour de Toulouse a confirmé hier la relaxe de quatre prévenus, poursuivis pour «participation à la tenue d'une maison de jeux de hasard». Cette décision confirme un jugement rendu par la Ve chambre du tribunal correctionnel de Toulouse en juin 2 011. Cet arrêt met fin aux soupçons qui pesaient sur Jean-Pierre Gleize et ses amis Claude Marbleu, Christian Fedou et Jean-Claude Sabatie. Ils étaient désignés par l'enquête des policiers de la division «courses et jeux» de la police judiciaire. Ces spécialistes avaient effectué une descente dans le club de bridge toulousain en décembre 2006. À l'époque, les enquêteurs soupçonnaient les parties de poker de servir de lessiveuse à argent sale. Un soupçon qui n'a pas résisté aux investigations.

Depuis l'objet du procès concernait un jeu de cartes devenu vedette du petit écran : le poker Texas Hold'Em. Jeux de hasard ou de stratégie ? Une question anodine mais très importante au regard de la législation en vigueur. Si le hasard domine alors le jeu, et l'organisation des parties, tombent sous le coup d'une loi de mai 1836. «La chance prédomine sur l'adresse et les combinaisons de l'intelligence», dit le texte, cité lors de l'audience du 22 novembre par le procureur Lionel Chassin.

Me Simon Cohen et ses clients ont donc multiplié les arguments pour démontrer que, justement, dans le poker Texas Hold'Em, où cinq cartes sont découvertes, le hasard n'a pa sa place. «Très peu», résume l'avocat toulousain, qui n'avait pas hésité à réaliser une démonstration cartes en main face à la cour.

Et Me Cohen ne cache pas sa satisfaction après cette décision «qui confirme un jugement courageux du tribunal correctionnel». D'ailleurs dans son arrêt, la cour reprend de nombreux arguments développés dans sa plaidoirie par l'avocat, et les prévenus, grands habitués, et passionnés, par les tables de jeux. Les juges s'appuient notamment sur une décision du tribunal administratif de Clermont-Ferrand pour souligner : «Le jeu de poker est marginalement un jeu de hasard, l'adresse étant prédominante dans la pratique». Ou encore cet élément : «Le hasard joue pour le novice, il en est autrement pour le joueur habituel». Et comme le droit pénal «est général et son application ne peut résulter d'une alternative aussi incertaine que la personnalité ou l'habileté ou le savoir-faire des joueurs», la cour estime que la relaxe s'impose. Quelle va être la réponse du parquet général ? Un pourvoi en cassation «dans l'intérêt de la loi» ? Ou comme l'espère Me Simon Cohen, une nouvelle législation ? L'enjeu est d'importance. Les suites fixeront les règles et diront qui peut, ou pas, organiser des parties de poker. »

Source: La depeche du Midi